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L'une vit au milieu de la Méditerranée, l'autre sur les rives de l'Atlantique. Ils ne se sont jamais vus mais écrivent à quatre mains et deux citrons givrés.

miércoles, 27 de abril de 2011

9. Révolution

(Résumé de l’épisode précédent : Atmosphère, atmosphère irrespirable entre les trois épidermes activistes planqués dans une tombe. Ça risque de péter ! Dagmar enfourche sa moto pour prendre l’air. Tandis que Lebourrin, rencardé par la mondaine, croit tenir le ticket gagnant sur une chanson rock !).  


Un groupe de plus en plus nombreux était massé à l’entrée d’un magasin de télés dans l’entrée de l’immeuble. Certains appelaient leurs amis sur leurs cellulaires, il régnait une émotion intense, emplie d’une dignité palpable. Un large écran plat dernier modèle diffusait des images de CNN International. Elles étaient si incroyables que Dagmar, hallucinée, rejoignit le groupe.

Place de la Libération, au centre du Caire, en Égypte, des millions de manifestants embrassaient des soldats égyptiens. Toutes les classes, tous les sexes et tous les âges étaient mélangés. Leurs pancartes, en arabe et en anglais, demandaient le départ immédiat du tyran Moubarak qui rançonnait leur pays depuis trente ans. Les Marocains, les Algériens, les Libyens, rassemblés face à l’écran considéraient en silence l’impossible advenu sous leurs yeux, plus gros que leurs ventres. Les Tunisiens étaient embrassés, félicités, certains pleuraient de joie, d’autres remerciaient leurs dieux. Un jeune Algérien souriant lui demanda ce qu’elle cherchait, si elle avait besoin d’aide. Dagmar pointa l’écran du doigt alors que les manifestants montaient à l’assaut de la statue équestre d’Alexandre Le Grand en brandissant leurs drapeaux égyptiens et balbutia avec son fort accent allemand. On la fit passer jusqu’aux premières places. Un contagieux frémissement emplissait l’atmosphère. Dagmar reconnut dans l’instant ce frisson qui l’avait prise à accueillir ces premiers réfugiés Allemands de l’Est à la frontière austro-hongroise, ceux qui les premiers avaient osé cisailler le rideau de fer qui en conséquence s’était totalement écroulé six mois plus tard avec le rachat par Helmut Khôl des dettes soviétiques et le conséquent effondrement du mur de Berlin. Elle comprit que l’Histoire était en train de s’écrire, cette fois-ci, au pays des pharaons. Si jamais l’Egypte parvenait à secouer le joug du tyran Moubarak, alors la région toute entière, jusqu’aux frontières de l’Asie, aurait le courage d’exiger la démocratie, la liberté. Puis le Premier Ministre espagnol, Zapatero, prit la parole et défendit avec enthousiasme le peuple égyptien. Les journalistes américains se surprirent de ce sursaut européen, le seul en son genre, tous les chefs d’Etat européens semblaient eux aussi avoir passé ces derniers jours dans un caveau, ne savaient rien de l’Égypte et ne donnaient pas signe de vie. Mais à l’écran apparut ensuite une carte significative : le chemin que devraient prendre les supertankers si jamais Suez était fermée passait par le contournement de l’Afrique et le premier pays européen qu’ils rencontreraient ensuite était l’Espagne.

 C’étaient d’excellentes nouvelles. Dagmar sut qu’elle n’avait plus rien à faire à Berlin. Elle devait avertir Léa de toute urgence. Tel qu’on le connaissait, Joël devait déjà se trouver dans la foule égyptienne, brandissant le poing sur la place de la Libération au Caire.

Dagmar reprit le chemin du cimetière du Père Lachaise, grinçant des dents en songeant à ce que ce Nils avait bien pu tenter en sa courte absence. Les feux verts se succédèrent comme par magie. Elle se sentait portée par la force de l’Egypte et avec habileté zigzagua entre les blindés des CRS qui en longue et lourde file semblaient se diriger au même endroit. Un coup d’œil dans le rétroviseur la convainquit qu’il n’y avait plus une minute à perdre. Un dispositif policier conséquent était en train de se mettre en place autour du cimetière. Avec un peu de chance, les flics parisiens, pas rapides en information tout comme le gouvernement français, ne seraient pas au courant de la brèche, selon Nils ouverte il y a peu par les pilleurs de tombes. Ça valait le coup d’essayer.

jueves, 21 de abril de 2011

8. Dagmar décolle : une sortie sur les chapeaux de roue.

(Résumé : Planqués dans une tombe aménagée du cimetière du Père Lachaise. Dagmar et Nils penchent pour un attentat de la DGSE contre Webactu. Lebourrin hors-jeu dans son enquête joue les cartes de Madame Romano. Difficile dans ces conditions de prévenir l’avenir !)
Nils fut aux nouvelles dans sa cabine onde courte. Les deux jeunes femmes profitèrent de sa relative absence pour se  prodiguer des soins de longue haleine, grandes eaux au programme des réjouissances. Léa reprenait des forces dans les bras de son amante. La Singette sourit aux vampires.  Dès le deuxième jour, à la mine fermée de leur géant préféré, elles comprirent qu’elles devraient faire le deuil à l’hommage réciproque de leurs béances. Nils leur fit un topo noir de la situation atmosphérique.
-          L’air est irrespirable. Ils nous prennent pour la RAF du groupe Baader / Meinhof.[1]. Avec une prime, à qui rapportera des renseignements concernant nos portraits placardés dans tous les lieux publics, avec nos caractéristiques physiques. On se croirait rendus comme au bon vieux temps héroïque de l’Allemagne fédérale. Quand on cherchait des terroristes dans les poux des milieux étudiants, en soutenant sciemment les bases américaines en Allemagne, les B52 US se préparant au largage de l’Agent Orange[2] au Vietnam. On ne peut plus sortir, nous sommes trop facilement repérables. Et je vais arrêter mes dialogues ondes courtes, par mesure de sécurité… Mais ce serait bien de reprendre contact avec les sympathisants allemands…

Les quatre yeux se fixèrent sur Dagmar, qui éructa de rage, se trahissant elle-même.
-          Me regarde pas comme ça, macho, merlu, et prends pas tes désirs pour des réalités ! Ce sera plus facile pour moi pour passer inaperçue ? Sans doute, mon grand, et pendant ce temps-là, tu feras souffrir la pauvre Léa avec ton sale machin pointu !
-          La situation parlons-en. Le délit de sale gueule, c’est pour nous et tant que Léa ne sera pas assez en forme pour bouger, on doit rester très prudents. D’autant plus, que d’après mes informations, l’étau se resserre. On ne peut plus faire confiance aux compagnes et compagnons à l’extérieur qui seront forcément pris en filature et interrogés. On ne doit compter que sur nous.

Léa apporta une certaine respiration, tapotant sur son pc.
-Les amis, vous oubliez notre outil favori !
-Vérolé jusqu’à la garde notre outil. De source sûre, un ami hacker me l’a démontré. Je ne te parle Même pas de nos téléphones portables, tous justes bons à être jetés à la poubelle. Il n’y a pas mieux comme balise et comme fil à la patte pour les flics. Pire que nos cartes de crédit.

À la grimace de Léa, Nils comprit son désarroi profond.
-          Ne t’inquiète pas frangine, j’ai un plan de repli en province. C’est une affaire de deux ou trois jours.
-          Je te croyais fils unique, salaud de macho. Vous me donnez la gerbe tous les deux, moi j’ai besoin de prendre l’air.

Dagmar était prête à claquer la lourde du tombeau, quand les bras du molosse la ramenèrent à la raison.



-          Lebourrin cheval gagnant ! Ah ah les caves !
Dans une remontée de coke, le commissaire décravaté se revit en culottes courtes, coursé par la bande ennemie qui voulait lui piquer tous ses boutons de culotte en imitant les chevaliers teutons au galop.
-          Lebourrin n’est pas le bourrin que l’on croit et d’ailleurs je vais leur prouver à ces empaffés qui me laissent mariner toute ma sueur dans ce bureau crado dans le but de retrouver les ennemis publics numéro un. Cette Léa est flanquée de deux étrangers, même pas en règle avec les services de l’immigration : mais que fait la police ? Ah, ah, ah, elle est trop bonne, faudra que je la place en haut lieu !
Il soliloquait son impuissance depuis un bon quart d’heure, quand dans un éclair, il ses idées se remirent d’aplomb toutes seules (la magie de la coke).
-          Mirza, non, la dame Romano serait une visiteuse de nécropole, la belle affaire. « Celle que vous cherchez est au cimetière », « celle que vous cherchez est au cimetière ».  Quelle conne. Je me suis bien fait avoir.

La voix lancinante de la mage à la marge de toutes les rationalités lui trottait les sabots. Léa se trouve au cimetière six pieds sous terre et l’affaire est classée. Mais oui c’est bien sûr ! Elle se trouve au cimetière !
-          Je vais joindre le petit Théo à la mondaine. Il parait qu’il s’en passe de bonnes à la tombe où il fait bon de s’asseoir. La tombe d'un soir, quelle passoire ! Ah ah ah, elle est vraiment très bonne, trop drôle !

Les orgies au clair de lune avaient toujours cours et certaines sépultures fraiches attiraient les détrousseurs de vertu moribonde. Un certain Jean-Noël Astrid coutumier du fait avait déjà passé six mois au placard. Il y avait une chanson de dérision des années 70. C’était le groupe Odeurs, si les fiches de la DGSE étaient exactes. Le tact de son chef de file leur permettait de rire dangereusement de tout avec talent  Il pianota le nom de l’énergumène au blaze de naze, un certain Ramon Pipin. Et d’un clic, il ouvrit ses esgourdes à la chique musique qui lui balançait un refrain décapant. C’était vraiment bien torché.  Astrid est à l’amour / Ce que la chambre froide / Est à l’Institut médico-légal / Et si elle préfère Charcot / Au marquis de Sade / C’est dû à sa nature sentimentale / Pour conserver l’amour / Le froid est souverain / Ainsi s’explique l’éternel féminin[3].

Il allait se l’interroger ce Jean-Noël Astrid et peut-être même Ramon Pipin en chanson à sa façon, ce serait une première. Qui avait dit déjà que la police ne savait battre la mesure de la musique avec un bottin sur la tête ?

                  
Dagmar énervée était toutefois un poids plume comparée au géant. Elle savait que sa haine pour l’homme qui voulait lui rafler sa tendre ne perdrait rien pour attendre et que l’heure venue, il payera son dû à l’ordre des  Amazones. Patience, patience…. Fardée, perruquée, vêtue passe partout, mais rembourrée tout de même aux jointures, le casque à la main, elle se rendit à l’évidence crasse. Nils l’avait pourtant prévenue en lui tendant les clés de sa BM.
-          Ta mob antique est HS, essaie plutôt mon valeureux destrier. Actionne juste la manette du réglage de la hauteur de la selle si tu ne veux pas morfler du macadam. Ce serait vraiment trop con, une chute au point de mire de notre planque.

Ses sarcasmes à son encontre l’avaient toujours meurtrie, d’autant qu’à en croire Léa, il était très doux dans l’intimité. Tu parles Charles et ses gonades en sautoir, il devait la troncher à couilles rabattues, qu’elle en crèverait sa Léa si fragile. Il fallait coûte que coûte s’extraire de ce bourbier sans l’aide d’aucun homme, même soi-disant bien intentionné. Elle en avait ras le clito qu’on lui indique le cap à suivre. À propos de cap justement, au début c’était difficile les manœuvres au ralenti, étant donné le gabarit de l’engin. Mais une fois en mouvement, après quelque temps pour s’habituer, la moto lui semblait assez légère et agréable à piloter. Juste à l’arrêt, il lui fallait motiver son attention sur un pied. La nervosité de sa  Husqvarna 750 à lui doper l’entre cuisse comme un bon gode des familles, l’allemande à côté lui sembla très froide. Elle savait la personne idoine à rencarder avec la carte mère afin de toucher le groupe qui planquait Joël. De sa bouche amoureuse, Léa serait folle de joie d’apprendre des nouvelles de son rédac. Dagmar était dingue de cette jeune femme française pas si courante. Son coup de foudre berlinois au corps animal pouvait supporter sa main en elle plus que toutes autres compagnes aguerries. Elles se jouaient au jeu de la main chaude et rien que d’y penser, elle en éprouvait des frissons. Rue Gailuron, elle gara son engin sur la chaussée prévue à cet effet. Elle riva l’antivol en forme de U et déposa son casque dans le top case. Dagmar passa à plusieurs reprises devant le numéro 33 sans s’arrêter, feignant de défaire son harnachement de motarde. Elle vérifia dans le reflet d’une vitrine de fringues que personne ne la suivait et s’introduisit dans le passage. Et là, quelle ne fut pas sa surprise !


[1] Entre  1972 et 1977  en Allemagne fédérale, la RAF, groupe révolutionnaire armé se bâtit contre la guerre au Vietnam, les intérêts américains, la presse torchon…  jusqu’en 1977 avec l’assassinat des prisonniers à la prison de Stammheim, voir « RAF Guérilla urbaine en Europe occidentale » de Anne Steiner et Loïc Debray, éditions l’Echappée, 2006
[2] Poison chimique, puissant défoliant, inventé par la firme Monsanto dans les années soixante pour le compte de l’armée américaine.
[3] Astrid de Costric et Gaspéris in l’album  Ramon Pipin’s Odeurs : 1980 : No sex !

miércoles, 13 de abril de 2011

7. Intermède Mystique

 (Résumé du chapitre précédent : Léa s’évade de l’hôpital avec la complicité de Nils et Dagmar qui se jouent les frères ennemis. Lebourrin en carafe délaisse la coco pour les amphétamines et s’en remet aux images d’un mage !)
La brèche dans le mur d’enceinte était à sa place, au bout de l’impasse. Les deux filles se baissèrent et se faufilèrent jusqu’à la brèche, où elles s’introduisirent subrepticement. Nils, de sa haute stature, surveillait les environs. Son AK45 paraissait tout petit dans sa grosse paluche. Il n’avait pas besoin de se dissimuler, il savait que tout éventuel témoin, à le voir, préférerait fermer les rideaux. Il rejoignit la brèche tranquillement et, avec une agilité surprenante, s’y introduisit. Tous les trois coururent en silence dans les allées du cimetière du Père Lachaise, jusqu’à la chapelle d’une famille éteinte, que Niels avait aménagée en cas de coup dur.

A peine furent-ils à l’abri que les hostilités atomiques commencèrent. C’était l’une des nombreuses planques de Niels, aménagée à la nordique, une cabine de sauna coincée dans un tombeau. Dagmar étouffa dans l’instant, son visage se crispa, elle jeta sa perruque violemment à terre.
- Et il a fallu que ce sale ruck[1] nous installe à côté de la tombe de Victor Noir[2] ! Himmel[3] ! Je peux pas le croire ! Sale machiste obsédé du manche !
- Please, Lea, keep your bloody Yungfraü quiet or I’ll smash her face into the toilets in order to cure her ovulation hysteria[4]
- Bon, écoutez, les copains chéris, on va se faire un petit café avec des croissants pour pouvoir parler dans la joie et la bonne humeur. On est à Paris, quoi, merde…
- … Mais… t’as des croissants ?

A la faveur d’un thé au jasmin (le seul que Nils ait en magasin), les âmes se rassérènent et l’on put enfin parler des choses sérieuses. Léa dut cependant s’asseoir entre les deux afin d’assurer la continuation des accords de paix.

Ainsi Joël, l’âme de Webactu était en vie. Un véritable miracle. Il avait été éjecté par le souffle depuis la fenêtre des toilettes lors de l’explosion et un sympathisant allemand de garde dans le secteur avait pu le récupérer et avertir le réseau sur Internet. Aussitôt, l’impeccable organisation d’outre-Rhin s’était-elle mobilisée et de véritables escadres étaient sorties de Cologne pour sauver le patron de Webactu, une page qui avait sa version germanique et ses millions de visiteurs journaliers en Allemagne. Depuis Berlin, Dagmar avait donc appris en avant-première ce qu’il était arrivé à son grand amour. Elle n’avait pas hésité une seconde et enfourché son Husqvarna 750 pour la sauver à Paris.

En dépit des accrochages, Dagmar et Niels coïncidaient sur un point. La DGSE française était derrière l’attentat contre Webactu, l’explosif Gomma 2 avait été subtilisé par ses soins dans les carrières militaires du Sud de la France, entre autres dans le but de déstabiliser l’organisation terroriste basque, qui se réfugiait encore dans le Sud-ouest du pays (pourquoi faire simple quand on peut tout embrouiller ?). La DGSE et ses petits copains du Commissariat à l’Energie Atomique n’avaient guère apprécié les petits rigolos de Webactu et la mise en cause de Marie Curie. Les programmes de maintenance des centrales nucléaires françaises étaient tous caducs, on avait frôlé la catastrophe à Bordeaux en 1999 et maintenant le gouvernement pouvait se glorifier du plus gros déficit d’Etat de la Communauté Européenne. Ce n’était vraiment pas le moment de dire du mal du radium.

Dans le même temps, Outre-Rhin, les énergies se mettaient en marche afin de s’opposer au projet suicidaire de la pourtant paisible Angela Merkel : remettre en marche le programme germanique de centrales nucléaires. Dagmar avait même peur qu’au-delà de la soi-disant dépendance vis-à-vis du gaz russe passant par l’Ukraine (alibi majeur du gouvernement allemand), il y ait une sourde velléité de programme militaire et par-là, l’irrésistible appât de succulentes exportations vers certains pays en voie de développement. Outre-Rhin, personne n’avait totalement oublié que la bombe atomique était une invention allemande.

Lebourrin, allégrement remonté par la dernière visite de son indic préféré, faisait tournoyer son parapluie comme dans le film « Singing in the rain », en remontant la rue des Abbesses, totalement étranger aux sombres conclusions des comploteurs du cimetière du Père Lachaise. Il avait finalement avalé la couleuvre de ses supérieurs : de longues décennies d’habitude et le cheval rentre tout seul à l’écurie. Lebourrin se sentait heureux et tout excité. A l’aube du troisième millénaire, la police nationale française entrait enfin à l’ère des nouvelles technologies, Cocorico ! C’était par email que Vishnouvoitou lui avait donné rendez-vous et il se dirigeait tout de go vers l’entrevue historique.

L’immeuble face auquel il s’arrêta ne lui inspirait qu’une confiance relative. L’édifice était bien tel qu’il avait pu se l’imaginer, pourri, sale, grisâtre, avec un buste de femme au-dessus de l’entrée,  des balcons en fer forgé,  des rajouts de plastique en guise de fenêtres aux étages supérieurs et des cheminées non entretenues bavant leur suie sur les toits les jours de pluie. Cependant, l’interphone était un modèle sud-coréen dernier cri, avec vidéo inviolable. On n’apprend pas aux vieux limiers à faire la grimace, ils ne connaissent que trop la perversité des rénovations modernes sur d’anciens bordels à multiples issues. Ce Vishnouvoitou ne semblait pas tombé de la dernière pluie, son nom n’apparaissait pas sur l’interphone. Mais Lebourrin savait qu’il n’avait qu’à sonner au numéro trois. Ce qu’il fit, en adoptant son air des grands jours « tranquille, mon petit gars, on est là pour arriver à un accord ». De toute façon, il pourrait toujours lui envoyer les Fraudes ou mieux encore lui coller un redressement fiscal. Les supérieurs avaient donné leur accord et débloqué les fonds mais cette fois-ci, ça ne couterait pas un cent à l’Etat, Lebourrin se l’était promis. Personne ne répondit à son appel mais la porte de l’immeuble s’entrouvrit. Il lui fallait maintenant monter trois étages. Ces salauds de rénovateurs avaient poussé le souci de la dissimulation au point d’éviter d’installer un ascenseur. Pervers !

Vishnouvoitou reçut le commissaire essoufflé.  Lebourrin, qui avait prévu un large échantillon de possibles extracommunautaires extradables dans l’heure, Pakistanais, Afghan, Indien, Roumain, se sentit passablement déboussolé face à ce blanc de blanc, à l’exquise civilité et à la mise impeccable, qui ressemblait plus à un boursier qu’à un mage. « Va pour le redressement fiscal ! » pensa Lebourrin et il commença aussitôt à travailler Vishnouvoitou au corps astral. La France avec majuscule condescendait à une visite dans les univers parallèles, implacable dans sa recherche des suspects et autres terroristes. Ce dernier mot sembla vaguement éveiller un intérêt chez le mage, qui invita le commissaire à prendre place sur les sacs de billes design qui décoraient son salon. Lebourrin avait le  design en horreur mais était suffisamment passionné des années 70 pour accepter d’y glisser une fesse. Malheureusement, le pouf n’était pas étudié pour le porte-à-faux, aussi Lebourrin s’effondra-t-il. Vishnouvoitou le considéra, le sourcil relevé. 
-          Fascinant. Vous êtes la première personne que je vois tomber de ce siège…
-          Écoute-moi bien, mon petit ami. Je suis venu à la recherche de la dénommée Léa alors ce n’est pas la peine de me faire le coup de la psychanalyse de supermarché, merci bien, je suis vacciné…


Lebourrin était en veine, l’insulte raciste sur la pointe de la langue, mais l’entrée d’une ravissante jeune femme blonde en sari indien lui provoqua un décrochement de mâchoire. Elle portait un téléphone sans fil aussi gazouillant qu’un nid de canaris sur un plateau, qu’elle présenta au maître. Vishnouvoitou décrocha, répondit en anglais (une langue que Lebourrin bafouillait à grand-peine), se leva puis s’éloigna en continuant son énervante conversation. Engoncé dans le sac de billes de polystyrène,  Lebourrin attendit, furieux, obsédé par l’idée que le mage lui facturerait le service, certainement sur la base d’un devis horaire. Le temps passa. Lebourrin s’emmerdait franchement. La jeune femme blonde en sari revint avec un sourire de miel qui n’annonçait rien de bon. Elle expliqua rapidement que le Maître avait dû s’absenter soudainement. Lebourrin hennit de dépit. Il avait payé d’avance. La jeune femme avec délicatesse ramassa son chapeau qui avait roulé à terre entre les hoquets de surprise et d’indignation du commissaire puis lui expliqua que Madame Romano, la fameuse artiste du Tarot de Marseille, élève et collaboratrice attitrée du Maître, était disposée à le recevoir. Tout en la suivant dans le labyrinthe de chambres de bonnes qui composait cet appartement, LeBourrin, tourneboulé, se demanda avec angoisse si le « Tarot de Marseille » était un cabaret des Bouches-du-Rhône.

Madame Romano portait un ravissant costume gitan. Dès l’arrivée de Lebourrin, elle jeta devant lui des cartes primitives, moyenâgeuses et parla sans même les regarder :
-          Ne laissez pas les autres se servir de vous. Vous êtes au centre d’une situation qui vous dépasse et par conséquent en danger. En grave danger.
-          Dis-moi ma petite poulette, quand tu auras fini de te sucer l’orteil, tu me le diras bien gentiment.
-          …Ce sont les cartes, ce n’est pas moi…
-          Bien. Puisque tu le prends comme ça en matière de cartes, je suppose que tu as aussi tes papiers.
-          Papiers ?
-          Passeport, carte de résidente, RIB, identité, quoi…
-          … S’il vous plaît, Monsieur, je suis roumaine et résidente en Serbie…
-          On m’a dit que t’étais de Marseille ! Toutes les mafias se retrouvent…
-          Ecoutez, monsieur, je vais retirer les cartes, pour vous gratuitement.
Elle battit les cartes nerveusement, tout en observant le commissaire à la dérobée. Bien des cousines avaient été expulsées de France. Il fallait jouer fin. Elle se décida à lui dire ce qu’il voulait entendre. Ce n’était pas bien difficile à deviner. Mais les cartes indiquèrent autre chose. Madame Romano toussota.
-          Celle que vous cherchez se trouve au cimetière. C’est ce que disent mes cartes.

Lebourrin ne la crut pas, se leva excédé par le temps perdu et l’argent dépensé et lui prédit la venue prochaine des services d’immigration.


[1] Couillon, en allemand
[2] Gisant dont le pantalon trahit une érection ; la tombe est très visitée, elle a même des admiratrices
[3] Enfer, en allemand
[4] S’il te plaît, Léa, tiens ta Vierge Sanglante tranquille ou je serais obligé de lui écraser la tête dans les chiottes pour l’aider à guérir de son ovulation hystérique, en anglais

miércoles, 6 de abril de 2011

1. Un tren en la noche


(Resumen del capítulo anterior: Léa, periodista científica a Webactu, está convencida de de los peligros de la radiación en el laboratorio de Marie Curie, ubicado en la Universidad de París V, dado el gran número de cánceres detectados entre los investigadores que hayan estudiado allá. Es difícil convencer a los demás...!)



Todos hemos tenido un oso de peluche, una jirafa, una garza, un tigre o un cocodrilo o incluso una tortuga que nos ha acompañado en los primeros momentos de nuestras vidas y que nos sigue a lo largo de nuestra existencia. Una de las muchas contradicciones de Lea anidaba  en una marioneta exuberante, la Singette, ofrecida por sus padres en Navidad cuando tenía tres años. Se había erosionado su piel, sus ojos apagados. En un frenesí de feria, decidió darle una segunda oportunidad, aprovechando sus vacaciones en las Ardenas para ir a florecer las tumbas de sus antepasados.

Lea gravitó en la
bucle de
Monthermé, quería llegar a la evidencia de primera mano en torno a  esa eminencia en el paisaje que agitó tanto los manifestantes de las Ardenas en los años setenta. Desde sus chimeneas, un fragante humo rosa se alzaba en un cielo lavado, muy por la mañana, y escupían sus vapores de letargo. Una potente red de alambre de púas cerraba su perímetro. En letras mayúsculas, la planta de energía nuclear Chooz había vuelto impracticable la natación y la navegación en las aguas del río Mosa. Un río de la fortuna de tiempos inmemoriales, época del intercambio, burlándose de toda la magia de la electricidad consumida como fuente de energía única. Lo que le acordó de repente, como una emética repetición, el tema impuesto por el Jefe de Redacción: el envenenamiento del Estado. Otra de esos temas recurrentes, tan atroces que sólo se ajustan a hundirse bajo el edredón con la Singette y no pensar en nada más. Estado: ¿irresponsable o inhumano? Al parecer, los patrocinadores de Webactu debían considerar el cocooning como una valor a la alza. El miedo siempre vende.

La mirada de Léa se derivó hacia su marioneta. El juguete estaba pegado a la pantalla de su ordenador. Esa extraña realidad se mezclaba entre el pasado simple y el presente de todos los disgustos. Sin orden: los insultos de Joel, los setenta mensajes de spam, los anuncios de ofertas, concursos u otras ofertas de sujetador vibrante. Entonces, finalmente, ese correo electrónico enviado desde Berlín. El mensaje estaba vacío y contenía imágenes y texto sobre "El tren de la muerte" que recorría parte de Francia antes de entrar en el territorio teutón fue recibido por la población con júbilo y cuidado de no dejar que se conten. Noticias de Google le aprendió que su buena amiga Dagmar había venido desde Berlín para cubrir el evento para la Republica de Weimar, el sitio de una cooperativa de artistas y activistas en Berlín. Ah, Dagmar! Era una vida loca a bordo de la noticia y ¡sin piedad! En las oficinas de la Republica de Weimar donde tamborileaba su teclado, la habían apodado cariñosamente ¡"Pasionaria”! Sus facciones mostraban el carácter etéreo de los personajes de Stoker, hambrientos de sangre fresca ... la sangre de los explotadores. Se comprometieron a encontrarse en el momento exacto en que la policía antidisturbios cargaría a los manifestantes en contra del tren radioactivo. Se trataba de una broma privada entre ellas dos, en honor de su juventud, cuando abortaron la carga de la policía antidisturbios enfrentados con los estudiantes de medicina, haciendo volar sus faldas escandalosamente, montadas a horcajadas en la nerviosa Husqvarna Trial Especial Dagmar.

A lo largo del tren, en Normandía, en Alsacia, el espectáculo de la oposición negándose a dejar el paso al tren y su peligrosa carga fue suficiente para restaurar los ánimos. Los editores políticos acreditaron el resurgimiento de los Verdes alemanes a más del 30% de los votantes, igual a los resultados de los socialdemócratas, sin precedentes en la historia de esa joven Alemania reunificada. Sin embargo, ni Lea ni Dagmar, que ya habían contemplado el desastre de esas coaliciones del otro lado del Rin, se engañaron. Las veletas Verdes acordaban sus violines para ser sobrepujadas al mejor postor. La figura del Gran Rojo ya había pasado por todas las tendencias políticas, estableciendo su reputación, daba escalofríos.

Léa siguió el camino del tren sellado, en el centro de grandes eventos. Se encontró con Dagmar a través de Facebook y Google Maps. Ella estaba encantada: en el centro de la acción, aunque sabía de antemano que no iba a obtener el visto bueno del jefe de redacción para un artículo específico sobre los residuos radiactivos. Y entonces le serviría a su letanía eterna sobre lo que él había impuesto... Olvídese de digresiones, por muy convenientes que sean ... El envenenamiento de Estado como un corsé! Sin embargo, este tema de los residuos no era irrelevante ¡ni mucho menos! Sobre todo ya que Areva había dicho que no era el primero ni el más importante de la historia! ¿Dónde había ido  a parar  esos vergonzosos transportes (especialidad Kiriquiqui) de miles de toneladas de residuos nucleares? Si no fuera eso envenenamiento del Estado, e incluso de Comunidad ... Pero Léa sabía que siempre podía vender sus textos en las páginas web de las revistas femeninas, que en aquellos días se abrían  a nuevos contenidos y excitantes. Por lo tanto ella no pudo contenerse y se lanzó de cabeza en el cuerpo a cuerpo con la masa verde.

Los acólitos del Gran Rojo, verdín ahora seguidor de pelotazos,
​​hicieron una gran impresión. Enmarcaban el evento como en la televisión, susurrando entre sí a través de teléfonos y diminutos micrófonos, constantemente comprobado su eficacia. Ellos guiaron Léa por los bastidores de las festividades. En el Área Central, un importante diario francés, organizaba en colaboración con una revista económica alemana un foro titulado "Hacia un planeta sostenible". La gran broma del sub-desarrollo sostenible podría comenzar. Cierta Cecilia, de  pecho ventajoso portavoz, consagrada portavoz gabacha todos los ecologistas, colmó las expectativas subiéndose a la tribuna. "Tendemos a creer que los ambientalistas creen que el petróleo es negro y sucio, que no gusta. Pues ¡no es todo! En cambio, el petróleo es muy valioso, de gran utilidad. No hay sustitutos conocidos, fáciles de usar para todos sus usos, por lo que debe ser preservado. “Será una empresa petrolera que financiaría la campaña de los Verdes en 2012. "Debemos reconocer que los aplicaciones de los recursos fósiles son sencillamente increíbles. Pueden hacer volar los aviones, componen la estructura de las prótesis de cadera, cubren los cuerpos, protegen a las familias, los empleados los usan para ir a su lugar de trabajo, en breve, apoyan y sostienen todas las actividades esenciales de la vida cotidiana de un hombre ... Los hemos de ver como una energía con usos extraordinarios! . Otras discusiones de la misma calidad oncológica envolvieron a la audiencia que aplaudía,  formateada con agua bendita, mientras que los activistas se encadenaron a los carriles para detener el avance del tren de los residuos nucleares. También estaba el payaso Ministro de crecimiento verde. La fiesta se habría perdido sin la pompa de la inconmensurable Axel de Rothschild, que venció con su abanico de encaje negro a todos que le gustaban, que sean derechistas,  izquierdistas o verdes o, incluso rojos (una especie en peligro de extinción desaparición). Hubo otras enormidades y personalidades en esta gran celebración familiar, el festival ecológicamente correcto, con su guinda en el pastel con crema: la presencia de un psiquiatra, el arcángel de los medias y eco de las habladurías, que preconizaba ante una larga audiencia la resiliencia de la capa de ozono. Léa se sentía mareada por la peregrinación. En consecuencia, en la tienda de campaña que compartía con Dagmar, la escritura del famoso artículo atascó  un poco en un Dantesco infierno de contexto.

Apenas mencionó su intrusión en el negocio verdín y eligió, a modo de ocio, encornarse con las ramificaciones de contrabando de uranio de todo tipo en relación con el “tren de la muerte " . Las municiones de uranio empobrecido seguían vendiendo bien en los países en vía de desarrollo. También eso relevaba del envenenamiento de Estado. Pero tenía que concentrarse. La periodista tenía dos días, ni una hora más,  para hacer un texto seductor sobre las manifestaciones ecologistas francesas en la sección eventos del "Hot Pages" de una revista femenina... así que tenía tiempo suficiente para disfrutar de uno de sus rituales. Abstraída de su ropa, con las piernas entre cruzadas sobre una estera de rafia, chupaba un joint de una hierba deliciosa. Micro altavoces solares le cosquillaban los oídos con Teen Town de Weather Report con Jaco Pastorius en lo agudo del palo de su bajo, cuando su teléfono celular vibró desde su montón de ropa, desde lo más profundo de sus bolsillos...