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L'une vit au milieu de la Méditerranée, l'autre sur les rives de l'Atlantique. Ils ne se sont jamais vus mais écrivent à quatre mains et deux citrons givrés.

viernes, 20 de mayo de 2011

12. Au bout du tunnel, on s’éclaire au nucléaire !

(Résumé de l’épisode précédent : Boum comme un concert d’atome en fusion, ça se bouge la terre ferme en sous-sol aux pieds des keufs. Dans le tunnel, on n’est pas bégueule mais bien sonné ! Dagmar la géniale hackeuse tire sur des câbles pour entrer en contact avec les activistes en surface, s’il en reste !)

Les narines aérées loin de l’air de Paris, Lebourrin savourait un instant dévot devant les tenants et les aboutissements de la coco, son dérivatif favori. Instant, suspend ton vol, les us et coutumes en usage dans la maison poulaga ne lui laissaient qu’un court répit.
-          Chef, chef on a localisé les terroristes. Derrière la plaque en métal, il y a un tunnel et c’est la seule issue possible. Qu’est-ce qu’on fait ?
Le tarin bourré aux vitamines, le commissaire voyait la vie en rose. Dans un souffle de dragon qui en disait long sur ses intentions, il ordonna :
-          Qu’on les gaze ! Exécution. Ces rats ne peuvent plus m’échapper.
En sourdine, il projetait déjà la légion d’honneur. La rosette à côté de celle de Lyon, ce n’était pas du bidon, doux Jésus !
Il déplaça sa carcasse jusqu’au PC des opérations, roulant des mécaniques à la manière d’un John Wayne qui s’en va délivrer La Prisonnière du désert des trois méchants activistes.

En bas, c’était la messe basse de tous les possibles.
-          Ecoutez ça : Non, Nicolas la Commune n’est pas morte. C’est dingue, c’est Joël !
Dagmar se jeta dans les bras de Nils.
-   Vise un peu, Léa se réveille, occupe-toi d’elle. Je vais aux nouvelles.
Un flot interrompu d’infos jactait par le clavier de Joël qui balançait tout ce qu’il savait. Hiroshima, Nagasaki, Fukushima même combat ! La totale mais pas du tout fatale car déjà très prévisible! Puisque le 16 juillet 2007, un séisme de grande ampleur avait frappé le Japon au cœur de la plus grande centrale nucléaire du monde, celle de Kashiwasaki[1], avec un festival de fuite radioactive et un début d’incendie. Les valeureux ingénieurs nucléaires furent complètement dépassés par les mouvements au sol qui avaient été jusqu’à trois fois plus rapides que le maximum calculé. Ils ne se démontèrent pas pour autant et le rire dans les bouteilles de saké retentit tonitruant un optimisme de bon aloi. Nos centrales sont tellement résistantes que rien ne peut les ébranler. La preuve ! Etonnant non ?  Tchernobyl à côté chez les popofs, c’était du bluff ! Jamais au grand jamais, une catastrophe nucléaire ne pourrait atteindre le pays du soleil levant avec son parc de centrales à la pointe du progrès et des technologies. Le Japon surfait sur la grande vague de tous les dangers et s’était paré d’un parc de centrales nucléaires situées sur les zones sismiques à très grands risques.
Le nuage de la désinformation et son omerta conjuguées des médias à la solde d’Areva biaisaient le débat qui n’avait jamais eu lieu en France ni ailleurs. Joël prévoyait même un sondage qui annoncerait que la majorité des français approuvait le programme nucléaire et qu’à la veille des élections présidentielles, les candidats de tous les bords proposeraient un référendum tronqué sur la question occultée : êtes-vous d’accord pour sortir du nucléaire ?
Joël avait aussi dans ses dossiers les prévisions de centrales nucléaires flottantes et même sous-marines. Encore plus fou, tu coulais !
Léa émergeait enfin. Dagmar lui fourra sous le regard, l’écran où se miraient les  mots de Joël. Et illico presto, dans un sursaut d’adrénaline Léa écarquilla ses merveilleux quinquets. Son sourire si craquant vint à la rescousse et sa si jolie frimousse imprima un éclair de joie.
-   C’est Joël, il utilise le code convenu. Enfin ! File-moi le matos.
Nils en bon géant en territoire lilliputien ne savait plus quoi dire. Avec une travée, il avait dégagé un passage. De la fumée montait du tunnel.
-   Les filles, vite, debout, on se tire. Ils veulent nous gazer comme les nazis.
Il leur tendit un masque à gaz.
Il y avait un embranchement qui laissait place à deux directions.
Les yeux paniqués de l’homme et de l’allemande interrogèrent Léa.
-   C’est à droite, encore dix mètres et on devrait aboutir à une plaque d’égout à l’air libre. Dépêchons.
Le trio s’ébroua. Nils vérifia le chargeur de son arme, puis avec les épaules il poussa et la lumière vive pénétra pour se mélanger aux échanges gazeux et à la poussière. Pas âme qui vive, rue Sorbier ! Le silence pesait, comme après un cataclysme !
-   Putain, c’est dingue, que ce soit si calme Paname !
-   Merde, vise un peu la tronche de l’asticot sur l’affiche !
Nicolas Mulot de son plus beau sourire de Tartuffe de l’écologie appelait à voter pour lui, aiguillé par son plus fameux sponsors de la fée électricité.
Plus proche des mortels, un véhicule hybride entre le corbillard de Jules et la déesse Antique du général de Gaulle se pavanant sur les Champs Elysées bardée du v de la victoire, avançait au ralenti à leur rencontre. Dagmar et Nils dans la position du tireur couché ajustaient leur cible. Des appels de phare leur répondaient en écho. Mais plus la silhouette du chauffeur devenait nette, plus le sourire de Léa éclaboussait sa bouille ravie. Impact dans dix secondes…


[1] Infos glanées entre autre dans un article de Stéphane Lhomme, Président de l’Observatoire du nucléaire :  http://observ.nucleaire.free.fr/ 

jueves, 12 de mayo de 2011

11. Noyautage de câble et cachotteries nippones

(Résumé de l’épisode précédent : Dagmar surprend Nils et Léa en corps à corps rapproché. Elle réprime sa furie. Une seule chose compte : sauver sa peau. La fuite en avant pour nos trois héros, le tunnel des Communards revisité en gage de salut).


Certains instants s’épaississent indéfiniment, on est alors renvoyés à des années-lumière, dans le centre de notre galaxie, tandis que les flics en tenue futuriste et armés jusqu’aux dents investissaient déjà le cimetière du Père-Lachaise, pistant les nouveaux Communards terroristes (ce que Lebourrin leur avait raconté) jusque dans leurs retranchements. Ils avaient l’autorisation de tirer à vue. Mais le temps s’épaississait en volutes sémiologiques qui finissaient par le rendre incompréhensible. Puis quelque chose, comme du sable ou de la terre, tomba du sombre plafond du tunnel. Peut-être des toiles d’araignées, dans ce lieu abandonné des hommes depuis un siècle et demi. Le géant Nils démêla celles qui couronnaient son crâne, tout en se penchant sur sa belle évanescente. Comme par fait exprès, Dagmar leur chuchota sur un ton pressant que des bruits de pas semblaient se rapprocher à l’extérieur. Ils devaient reprendre leur marche, trouver une issue. En cet instant, Léa revint à elle. Tandis que Nils l’aidait à se rétablir, Dagmar terrorisée fit irruption.  
-   J’ai entendu une rafale. Ils tirent à balles réelles. Jamais je n’aurais cru ça possible au troisième millénaire en Europe.
-   Rappelle-toi ces mômes qu’on avait accusés de faire dérailler un TGV. Embarqués sur la seule preuve de leurs lectures anarchistes. Deux ans d’isolement total.
-   Allez, les filles, c’est pas le moment de papoter ! On se sait tous à la portée d’une accusation de terrorisme, avec toutes les implications en cadeau Bonux. Les lois antiterroristes ne sont pas faites pour les délinquants mais pour restreindre les libertés des populations, c’est le B.A.BA de l’activisme. En route, plus de temps à perdre !

Un petit silex se détacha du plafond et tomba sur un rocher au sol, provoquant une brève étincelle. Nils alluma sa lampe-torche et balaya le tunnel de son faisceau. Tout semblait si calme.

Dans les allées du cimetière du Père Lachaise, précédé par les unités d’élite CRS, le commissaire Lebourrin respirait à pleins poumons l’odeur de la poudre, tout en prenant l’exacte mesure de la montée d’adrénaline en un apocalyptique feu d’artifice de milliers de neurones. Sherlock Holmes ne s’était pas trompé. Mais l’unité d’élite n’avait pour le moment que dégommé un chat. Piètre tableau de chasse, mais ainsi les rats terroristes étaient avertis. Le cimetière était cerné, ils n’avaient aucune échappatoire. Lebourrin jubilait et commença donc à tenter de repérer un petit tombeau tranquille où consommer un mérité hommage à Sherlock. Il envoya son assistant prendre des nouvelles de ses limiers. Malheureusement, celui-ci revint très excité avant que Lebourrin n’ait pu sortir son sachet de plastique de sa cachette dans la doublure de son slip kangourou.
-   Venez vite. Nos gars ont trouvé un truc étrange, une espèce de caverne protégée par des tôles ! 
-   Sécurisez le périmètre, brama Lebourrin tout en reboutonnant à la hâte son pantalon.

Déjà l’unité d’élite s’acharnait sur les tôles à l’entrée de ce qu’ils pensaient être une caverne, une ferme de champignons de Paris et peut-être même un trou à rats. Les autres flics fracassaient à grands coups de pompes les portes des tombeaux puis Lebourrin décida de concentrer ses troupes à l’entrée de la mystérieuse caverne. Léa, Nils et Dagmar couraient hors d’haleine dans le tunnel qui sentait le moisi, comme s’ils s’enfonçaient dans les entrailles répugnantes de Paris, tandis que des coups de plus en plus violents à l’entrée se répercutaient en échos déformés et effrayants. Quelque chose sembla céder, enfin. Ils entendirent les râles de victoire des flics, une rafale de mitraillette… Le tunnel s’allongeait indéfiniment devant eux, sombre et insensé, sans la moindre bifurcation : on aurait dit une Near Death Expérience. Peut-être valait-il mieux, dans ces conditions, s’arrêter et offrir, en un acte de folie consumée, un torse de lumière aux cornes de la Bête afin d’éviter que l’aigu de celles-ci n’éventre leurs fémorales. Léa, Nils et Dagmar ralentirent leurs pas sans s’être concertés. Ils avaient eu la même intuition au même instant. Parfois, dans la vie, il faut avoir le courage de faire exactement le contraire de ce que l’on pense qu’il faut faire. Les flics voulaient leur peau. Ils allaient leur montrer de quelle eau ils étaient faits. Et puis c’était trop dégueulasse de mourir d’une balle dans le dos, et c’était aussi offrir à la presse conventionnelle l’alibi de leur venin. Ils firent face à la Chose qui venait, précédée par le crépitement absurde de leurs armes.

Une apocalypse de terre, d’os humains et autres détritus, envahit brusquement le tunnel historique, dont les solives porteuses se rompirent violemment entre les activistes en fuite et les flics en aval, qui furent massacrés par la boue. Tout bougeait et se déplaçait avec une force gigantesque, anéantissant à l’avance tout effort humain. Nils hurla cependant un ordre dérisoire : « Nagez ! » qui se perdit dans l’épouvantable vacarme du cataclysme.

Ensuite, un silence inhumain retomba, qui s’installa pour plusieurs siècles, voire éternités. Niels cracha de la terre et du sable. L’obscurité était si profonde que l’on y perdait les sens. Mais une lueur rougeoyante sourdait sous la boue. Niels dégagea son bras qui se cramponnait encore à sa lampe de poche. Le retour de la lumière l’apaisa, en dépit de la dimension du désastre. À la limite du halo, il eut l’intuition d’une silhouette menue qui vaguait. « Hel ! »jura-t-il dans sa langue natale. Il tenta de dégager son autre bras, encore lourd du poids de son ak45 mais la boue l’emprisonnait. La délicate silhouette terreuse se pencha alors sur lui :
-   Comment t’appelles-tu ?

Nils se tut, sidéré. Il avait reconnu Dagmar. En pleine lumière, elle ne clignait pas des yeux. Elle avait le regard fixe de cette femme, dans le film « Sailor et Lula », de David Lynch, laquelle, après un terrifiant accident de voiture, recherche obsessivement son sac à main. Puis elle s’éloigna tout d’un coup, comme si elle fuyait l’éclat de la lanterne de Nils.
-   Je dois trouver un câble.
-   Dagmar, attends !
-   Que veux-tu ?
-   Souviens-toi que tu n’es pas Mógdud[1]. Tu as repéré Léa ?.
-   Léaaaaaah, hurla Dagmar en guise de réponse.

Ils la retrouvèrent dans un cercueil de bois à moitié enfoncé dans la terre. Dagmar fut la plus rapide, elle constata avec soulagement que sa douce respirait encore, quoique faiblement. Niels l’écarta résolument, elle trépigna un instant sur place. Le norvégien sortit une minuscule trousse de survie de l’une de ses multiples poches.
-   Et un petit cocktail d’adrénaline pour madame, un, chantonna-t-il en injectant le produit dans les veines de Léa
-   Tu ne t’imagines même pas toute la merde chimique que tu lui sers
-   Ecoute-moi bien ma puce, j’aime pas répéter. Je suis urgentiste dans le cadre de la protection de la société civile, alors tes petits conseils zen de midinette en ébullition, tu peux te les carrer exactement où tu penses. Vas chier ailleurs et voir si j’y suis.
Prudemment, Dagmar choisit de battre en retraite. Elle dépiauta distraitement un gros tuyau orange qui tordait le cou vers eux avant de replonger dans la terre, jusqu’à ce qu’elle réalise ce qu’elle était en train de faire. Elle tripota à l’intérieur du tuyau et trouva ce qu’elle cherchait : le câble. Avec un peu de chance..
-   Nils, espèce de ruck, est-ce que t’aurais un bout de câble coaxial et un filtre DSL ?
-   Bien sûr ma poule, deux secondes je finis la perfusion pour la Belle au Bois Dormant…

Il manquait bien entendu le gaffeur et le fil téléphonique, deux éléments que Dagmar, en bonne hackeuse professionnelle, trimballait toujours sur elle. En un rien de temps, elle bricola une dérivation, qu’elle brancha sur son téléphone mobile. Dagmar eut un petit cri de triomphe quand le navigateur Safari s’ouvrit. Elle était sur Internet.
-   Qu’est-ce que tu magouilles, pétasse allemande ? Je ne t’ai pas expliqué qu’on était tous repérés au niveau de l’adresse IP ? Arrête ça immédiatement !
-   Fous-moi la paix vieux con, et crois-moi, pour le moment, nos copains ont autre chose à faire que s’occuper de nous. De surcroît j’ai plusieurs adresses IP dynamiques et belges, inviolables. Il y a eu un tremblement de terre majeur en Méditerranée, force 7, la plaque européenne a grimpé de 15m sur l’Africaine. Il y a eu des répliques qui se sont propagées au travers des failles sismiques dans toute la France…
-   Pardon ? Je croyais que la France était l’un des rares pays au monde à ne pas présenter de risques sismiques.
-   C’est la propagande de gouvernements obsédés par le nucléaire et ses fabuleux revenus. La réalité est que les risques sismiques ont été largement sous-évalués. On en a la preuve aujourd’hui. Mais attends. Ya un truc très bizarre. Les Français avouent que la terre a tremblé au Bugey, force 6,7, plus fort qu’en 1930. Il va falloir évacuer Lyon et peut-être même Genève.
-   Ça veut dire que la situation doit être mochement alarmante à la centrale atomique du Bugey.
-   Tu m’étonnes ! La moins entretenue de France, celle où la maintenance est systématiquement confiée à des sous-traitants… Mais tu sais bien que c’est pas normal que les Français soient si transparents au niveau nucléaire… J’ai comme la sensation qu’on a du rater quelque chose au niveau actualité…    


[1] Déesse des enfers germanique dans la mythologie norvégienne.

miércoles, 4 de mayo de 2011


Nils et Léa n’étaient pas encore au fait de la révolution. Tu m’étonnes ! Leurs sages résolutions de jambe en l’air, comme pour rattraper le temps suspendu, avaient les accords d’un corps à corps à l’assaut de la petite mort. Nils éructait et Dagmar lui labourait les côtes avec ses ongles. Dagmar applaudit à la tromperie sur la marchandise et encouragea tous les efforts du couple à figer cet instant.
-          Magnez-vous le train. On se croirait dans un film de boules. Oui, oui encore, ça vient hum oui  continue…. Les Schmidt vont bientôt mener l’assaut. Je répète, allo, allo, m’entendez-vous ? Les Schmidt…
Vaseuse, les pupilles de travers, c’est Léa qui émergea la première.
-          Tu veux parler des flics ?
-          Les poulets on dit aussi, si je parle bien français !
Nils gêné s’arracha des tripes de l’autre femme, jetant par-dessus bord la capote usagée. Son sang-froid glaça Dagmar.
-          Pas de panique les filles, j’ai un plan B.
-          Accouche papi, tu ne perds rien pour morfler ma haine et toi aussi ma pute d’amour.
Léa avait déjà revêtu une tenue décente et Nils avait sauté dans son futal.
-          La brèche est encore praticable ?
-          Peu probable à cette heure.
-          Dans ce cas, il faudra emprunter le tunnel.
-          Le tunnel ? !!!
-          Oui, pour faire vite, avant que ce lieu de repos ne soit proclamé cimetière par Napoléon Bonaparte, on récoltait déjà la vigne au Moyen-Age et…
Dagmar qui pissait du raisiné par les trous de nez et avait parfaitement pigé l’allusion à leur situation s’énervait.
-          Abrège tes salamalecs, mec.
-          J’ai eu vent aussi que les Communards assiégés qui se battaient entre les tombes avaient connaissance du tunnel, mais avaient manqué de temps pour s’en sortir. Dans mes recherches, j’ai retrouvé les plans, et avec quelques amis très sûrs, on a remis le chantier en route pour le rendre enfin praticable, en cas de coup dur. Je pense que dans l’urgence, le jour est venu de l’inaugurer. Mais d’abord, faisons table rase de toutes les traces de notre passage.
Laissant ses deux compagnes indisposées, il avait joint l’action à la parole, rassemblant déjà des papiers et autres emballages, fringues crades et usagées, les fourrant dans un grand sac. Il espérait en vain que la plupart de leurs signatures ADN périraient dans le broyeur. Les deux femmes avaient suivi le mouvement et en quelques instants seulement, l’abri rutilait du vide sidéral et du calme attendu.
Léa leva le doigt, comme à l’école.
-          Monsieur, monsieur le professeur, j’ai le temps d’aller chier au pied du mausolée d’Adolphe Thiers ?
Même Dagmar éclata de rire. Seul un léger rictus laissait encore présager que dans sa caboche c’était encore la guerre entre elle et la française, et que bientôt ses amis d’Outre-Rhin, les alternatifs activistes lilliputiens auraient terrassé le géant.
-          Un dernier détail. Je vous demande toute votre attention. Il n’y a pas de lumière dans notre tunnel et il se peut que certains bruits bizarres puissent éveiller votre crainte. Pas de panique, J’ai tout prévu. Il leur tendit un casque de mineur muni d’une lampe frontale. Léa, je te conseille de te changer, un pantalon et de bonnes chaussures te seront utiles.
Profitant d’une dernière pause avant la sortie, pendant que Léa se changeait et chargeait la Singette dans son sac à dos en ayant pris soin de lui fourrer dans le bide une arme de poing, Nils posa une paluche sur l’épaule de Dagmar, comme pour s’excuser pour tout à l’heure. Elle s’hérissa comme un chat sauvage.
-          Ne me touche pas, porc velu. Si tu t’avises encore à me toucher, je te tue. Pigé mec.
Nils leva les mains au plafond.
-          Ok, ok. On décroche les filles, je passe devant.
En dépiautant une tôle en guise de mur, il s’engouffra, baissant la tête pour ne pas se cogner. Une odeur âcre vous prenait à la gorge. Cette terre avait déjà saigné en surface et dégorgé les corps de ses asticots. Il y devait y avoir du monde un peu plus haut, en train déguster les restes de vieux os usagés. Ces images et ces associations d’idées embuèrent le regard de Léa qui manqua d’air et tomba à la renverse retenue de justesse par Dagmar qui fermait le rang.
-          Nils, à l’aide.